Vidéo HD-DV, 34', 2013.
Un
passage en barque nous emmène sur une île désaffectée dans la lagune
vénitienne... Autour de la grande cage d’escalier, chaque pièce du parcours
labyrinthique ouvre à une confrontation. Échec et mat! « El-chaykhe
matte », le roi est mort ! Ou peut-être est-il juste assoupi ?
La vidéo nous emmène dans
une zone aux frontières poreuses. La narration n’est pas construite autour de
l’autoroute de la raison mais plutôt comme une divagation. Des images
s’entrechoquent, se télescopent, comme des souvenirs épars... Il Re in Letargo se situe dans un monde en sommeil : l'île de Poveglia.
Architectures,
insectes, objets deviennent figures. Les hommes eux-mêmes semblent appartenir à
un étrange bestiaire, pris chacun dans leurs propres mouvements, solitaires et
atemporels.
Le principal protagoniste est le contexte lui-même - l’île - opérant comme
une matrice avec laquelle nous sommes invités à entrer en dialogue.La lagune redevient sanctuaire.
« Un soir à Venise, j’étais
attablé avec le chef d’un restaurant, il me parla d’une île de la lagune où
serait mort Giorgione. Il m’invita à faire un tour sur l'ile ensemble.
Nous y avons passé une journée, nous y avons mangé des oignons avec une
omelette cuite au feu et cueilli des kakis. J'ai été frappé par la vacuité
de cet espace anachronique, ses architectures monumentales du 14e et du 17e
siècles recouvertes d’un manteau de forêt et de poussière, mêlées aux vestiges
de la modernité. »
Michel Soudée